Discours du chef du bloc 9, le 24 juillet 1942 à minuit, le soir de l'arrivée à Birkenau

«...Vous avez de la chance d'être tombés dans le bloc qui a le meilleur chef de bloc de camp. Les autres, chefs de blocs sont tous des Allemands, détenus de droit commun, des triangles verts, des bandits, des bagnards. Je suis un officier polonais, un détenu politique, un triangle rouge.
J'ai le droit de vie et de mort sur vous. Cependant, je veux être un père. Sachez que vous êtes ici dans un camp d'EXTERMINATION et non dans un camp de concentration ou de détention.
Votre vie ne vaut rien, zéro. Elle vaut moins que le petit brin d'herbe qui pousse dans la mince plate-bamde autour du bloc. Je tiens beaucoup à ce peu de verdure. Que personne ne se hasarde à marcher dessus. Je le tuerai sans pitié, à coups de gourdin.
Mes "Stubendienst" (servant du bloc) sont mes seconds. Ils sont chargés de distribuer la ration, de veiller à l'ordre et à la propreté du bloc. Leurs ordres sont les miens. Exécutez-les !
Votre vie sera dure. Ne désespérez pas, maintenez la tête haute. Si l'un d'entre vous en a assez, qu'il ne court pas dans les barbelés pour se faire envoyer une balle du mirador. Il faut économiser les munitions. Qu'il me le dise, je le ferai piquer et il aura une fin sans douleur !
Maintenant, vous pouvez aller vous promener dans le camps. Ne vous approchez pas à plus de cinq mètres des barbelés, restez à l'extérieur de cette zone de sécurité dite "neutrale Zone".
Quand au Juifs, je leur conseille de ne pas trop s'éloigner du bloc. Votre vie ici vaut encore moins que celle des autres. Je ne suis pas antisémite. Pour moi, vous êtes des détenus comme les autres. Mais pas pour tout le monde. En principe, on ne doit tien vous prendre. Mais si un aryen vous voit porter quelque chose qui lui plaît, une paire de bretelles, une chemise, une ceinture, des chaussures, il vous les prendra. Laissez-vous faire sans protester ou il vous tuera. Prenez son numéro, signalez-le moi, et j'essayerai de vous les faire restituer ou de les remplacer. Toute fois, vous comprendrez que dans ma position il est difficile d'intercéder en faveur d'un Juif.
A tous, je vous recommande de bien faire votre litière, de ne pas faire tomber de brins de paille dans les couloirs. Tout délinquant sera roué. De l'ordre et de la "Diziplin" avant tout. Dans la nuit, sortez le moins possible du bloc pour aller aux latrines, vous risquez votre vie en route. A l'appel, alignez-vous vite et bien sur dix rangs, les petits en avant, les grands en arrière. Un alignement rapide et impeccable vous évitera beaucoup de coups et de sang...» etc.
A.Wiler

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